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Peuple juif, histoire et mémoire



3. Le passé juif est un insistant futur parce qu'il est dans les mots que nous déchiffrons.

    Edmond Jabès

 

24. ... c'est pendant le IXe siècle (avant notre ère), au nord comme au sud, que l'idée monothéiste commença réellement à s'implanter dans la réalité quotidienne du peuple de YHWH. Nous croyons que le monothéisme fut découvert par 'ABRaHaM, qu'il fut systématisé, codifié et exprimé sous forme d'une constitution sociale proposée à un peuple en tant que tel par MoCHeH; au temps des Juges, il fut vécu et assumé comme une religion pure au sein de ce peuple qui n'avait pas encore, en tant que peuple, rencontré de difficultés politiques; les tribus avaient bien conscience ... de leur unité religieuse, mais elles n'obtinrent leur unité politique que sous DaWiD et grâce à lui. Encore restaient-elles, même sous ce grand roi, jalouses de leurs particularismes et de la différence profonde qui séparait les dix tribus du Nord et les deux tribus du Sud. Cette différence ancienne, constitutive même du peuple de YHWH, réapparut dès la mort de CHeLoMoH et se présenta sous la forme de "l'israëlisme" au Nord, et de ce que nous appelons le "judéïsme" au Sud.

    Armand Abecassis

34. Le peuple juif est défini historiquement par le judaïsme qui est la réalisation d'un programme de vie réel qui a été établi par la Torah et les commandements.
     Yeshahyahou Leibowitz

 

36. L'irruption de la modernité au sein du judaïsme va briser radicalement l'uniformité relative existant entre les judaïcités. Les ghettos s'ouvrent sur leurs environnements: d'où des divergences croissantes entre les juiveries diasporiques. Certains restent fidèles à l'observance religieuse conçue comme une séparation totale d'avec les gentilités. D'autres réduisent progressivement la pratique religieuse à un formalisme qu'ils pensent acceptable pour les nations où ils aspirent à se fondre en tant que citoyens indifférenciés. D'autres encore, parfois brouillés avec la religion, reconstituent, soit un messianisme laïcisé et historicisé (ce sont les adeptes des utopies socialisantes), soit une idée modernisée de la nation juive d'où sont issus les courants sionistes.
    Léon Rosen

 

39. La foi juive implique et nécessite une certaine dose de courage. Ce qui est étonnant ce n'est pas l'incroyance que l'on constate aujourd'hui: c'est la foi qui a animé autant de générations de juifs. Le caractère historique du peuple juif est en train de disparaître. Il n'a jamais été défini ni par la race, ni par le territoire, ni par l'appartenance à un État ou à une langue. Il a été défini par le judaïsme. C'est là une notion objective. Elle se concrétise par un type de vie donné. La réalité de l'homme juif, aujourd'hui, s'est vidée de tout contenu juif spécifique.
Il ne reste aujourd'hui, dans bien des secteurs, que la conscience d'appartenance qui n'est définie par rien de spécifique.
    Yeshahyahou Leibowitz


40. Il me semble qu'il y a eu trois dimensions de définition de notre identité qui, jusqu'à l'époque de l'Émancipation, s'unifiaient. On était simultanément juif par la relation à la terre d'Israël, à la Torah d'Israël et au peuple d'Israël.
Avec l'Émancipation, ces trois dimensions se sont disjointes et ont éclaté. Il y a encore un grand nombre de juifs qui participent des trois dimensions à la fois.
Depuis l'Émancipation, il y a donc trois types de juifs identifiés dans l'histoire. Ceux qui se définissent uniquement par la participation à l'histoire du peuple; ceux qui privilégient la religion (et ceux-là ont substitué l'identité de confession religieuse à la relation à la Torah) et enfin ceux qui s'affirment juifs uniquement par leur relation à la terre, c'est-à-dire ceux que l'on appelle les sionistes non religieux.
    Léon Askenazi

41. Les juifs, ce n'est pas une communauté au sens "Gemeinschaft". Ce n'est pas un peuple au sens des Croates ou des Bosniaques, mais il n'en reste pas moins qu'il y a là un champ culturel et social qui combine universalisme et particularisme depuis fort longtemps, malgré la persécution et malgré cette tendance à l'éclatement ou à la dualité du milieu où la réalité juive existe.
    Alain Touraine

42. L'identité juive fait référence à l'Histoire (qu'il s'agisse du monothéisme et plus récemment de la Shoa), à une culture centrée sur la Loi et à ce que les psychanalystes nomment la loi du père, à une solidarité de nature cosmopolite, et bien entendu au dernier référent: Israël. En fait, qu'on soit juif communautaire ou juif séculier, le seul signifiant qui fasse vraiment sens est l'attachement à Israël vécu comme une fidélité à l'Histoire et à la mémoire.

    Emile Malet



67. Il n'y a pas de pensée juive si cette pensée n'est pas vécue, portée par une histoire, tendue vers une existence. Sans elles, elle n'est qu'une phraséologie creuse.

    André Néher

101. L'histoire juive et le peuple juif forment une continuité à nulle autre comparable, qui n'est ni ethnique ni politique.

     Amos Oz et Fania Oz-Salzberger

 

106. Les Juifs ne sont pas un peuple historique,

Ni même un peuple archéologique, les Juifs

Sont un peuple géologique avec des failles,

Des effondrements, des couches sédimentaires et de la lave incandescente.

Leurs annales doivent être mesurées

À une échelle de grandeur différente.

     Yehouda Amichaï

 

148. Quand j'écris "judaïsme", je n'évoque pas précisément la religion mais bien plus que cela : l'âme collective, une civilisation entière dans la continuité de l'Israël biblique.

     Shmuel Trigano

159. Le peuple juif est ce peuple qui a interrogé l'identité humaine et qui a fait de cette identité une question.

     Mémorial de la Shoa

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