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Judaïsme et interprétation



64. L'hébreu, une langue où les mots ont peu de lettres, mais ce sont des lettres de feu.

    Ernest Renan



65. Selon la tradition ésotérique, chaque mot de la Torah a quatre niveaux de signification: directe, interprétée, allusive et secrète. La formule mystique de ce système d'interprétation s'appelle le PaRDeS, mot composé à partir des lettres initiales de Pshat, Remez, Derach, Sod qui signifient: interprétation au sens littéral, interprétation au sens allusif, interprétation au sens du commentaire et interprétation au sens secret.

    Mark Zborowski et Elisabeth Herzog



66. Le judaïsme n'a jamais été figé (...). L'écriture sainte a été toujours l'objet d'interprétations. C'est un code vivant. Seul le fondamentalisme provoque l'arrêt d'une pensée juive vivante.

    Pauline Bebe



68. En hébreu, aimer son prochain se dit aimer celui qui est loin. Le but de la morale n'est pas de rendre l'homme heureux mais de transcender le possible.

    Wladimir Jankelevitch



73. L'attachement des juifs à l'interprétation du Texte de la Torah a quelque chose d'édifiant et de vertigineux. Tout y est sujet à discussion et interprétation : chaque mot, sa racine, la succession de mots, l'enchaînement des lettres, le Texte dans son sens le plus concret et le plus palpable, la forme des lettres, les initiales des mots, la valeur numérique des lettres ... Personne ne semble avoir pris la mesure de cet attachement.

    Jacob Ouanounou



75. Dans les quatre derniers livres du Pentateuque apparaît constamment un verset : Et l’Eternel dit à Moïse : "Parle aux enfants d’Israël leemor ('en ces termes')". Un maître prestigieux que j’eus au lendemain de la Libération prétendait pouvoir donner cent vingt interprétations différentes de cette locution dont le sens obvie est cependant sans mystère. Il ne m’en a révélé qu’une seule. J’ai essayé d’en deviner une deuxième. Celle qu’il m’avait révélée consistait à traduire leemor par "pour ne pas dire". Ce qui revenait à signifier : "Parle aux enfants d’Israël pour ne pas dire". Il faut du non-dit pour que l’écouter demeure un penser ; ou il faut que la parole soit aussi un non-dit pour que la vérité (ou la parole de Dieu) ne consume pas ceux qui écoutent ; ou il faut que la parole de Dieu puisse se loger, sans danger pour les hommes, dans la langue et le langage des hommes. Dans ma propre lecture de ce verset, leemor signifierait "pour dire" : "Parle aux enfants d’Israël pour qu’ils parlent", enseigne-les assez profondément pour qu’ils se mettent à parler, qu’ils entendent au point de parler. Les cent dix-huit autres significations du verset restent à découvrir. Mon maître emporta leur secret dans sa tombe.

    Emmanuel Lévinas



80. Qu'on les juge positives ou négatives, la fabrique textuelle, les pratiques interprétatives du judaïsme sont ontologiquement et historiquement au cœur de l'identité juive.

    Georges Steiner

 

108. Tous les garçons à leur bar-mitzvah, tous les époux sous leur dais nuptial doivent énoncer un chidush. Quelque chose de nouveau. Pas simplement répéter la sagesse ancienne. Pas simplement poser des questions et se conformer aux réponses apprises. Mais émettre une idée vraiment neuve, une interprétation vivifiante, un rapprochement inattendu.

     Amos Oz et Fania Oz-Salzberger

 

130. Le secret du judaïsme, c'est d'avoir associé en permanence la loi orale à la loi écrite, lui permettant ainsi d'évoluer.

     Haïm Korsia



141. Le peuple juif n'est pas le peuple du Livre, mais le peuple de l'interprétation du Livre.

     Armand Abécassis

156. Ce qu'on appelle "humour juif" est conçu sur le modèle de l'interprétation talmudique. L'humour juif, c'est du Talmud à la portée de qui ne connaît ni l'hébreu ni l'herméneutique talmudo-kabbalistique.

     Jean-Pierre Winter

180. Dans le judaïsme, l'esprit vient de la lettre, de son altération, de sa mutabilité, de son renouvellement infini.

     Georges Zimra

201. S'il y a un monde où, cherchant la vérité et des règles de vie, ce que l'on rencontre, ce n'est pas le monde, c'est un livre, le mystère et le commandement d'un livre, c'est bien le judaïsme, là où s'affirme, au commencement de tout, la puissance de la parole et de l'exégèse, où tout part d'un texte et tout y revient, livre unique, dans lequel s'enroule une suite prodigieuse de livres, bibliothèque non seulement universelle, mais qui tient lieu de l'univers et plus vaste, plus énigmatique que lui.

     Maurice Blanchot

205. L'homme se construisant continuellement par l'interprétation, son devenir n'est possible que dans l'inlassable succession du faire et du dé-faire du sens, du lire et du dé-lire du texte.

     Marc-Alain Ouaknine

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